Sauter les liens

Les orixás

En 2016, je me rends dans le plus vieux terreiro du Brésil, aux portes de Cachoeira. Fondé en 1858, il a résisté à la pression des promoteurs du fait d’un accès volontairement très difficile.

Sous la protection d’Oxumaré, il y accueille dans leur forme la plus naturelle tous les orixás*, dont on ne soupçonnerait jamais la présence si un récipient n’était posé en offrande au pied d’un ficus, devant des bambous ou au bord d’une rivière.

Il s’agit pour moi d’une perception nouvelle des paysages, dont les orixás* constituent désormais un élément de l’écosystème brésilien. C’est cette vision qui m’a guidée pour imaginer les aquarelles de cette exposition présentée pour la 1ère fois durant le mois de novembre 2017 à la galerie municipale des Tourelles d’Ecouen (95), et dont des copies ont été exposées en février 2018 in situ, dans la chapelle funéraire d’un ancien couvent de Cachoeira.

Les orixás* Chaque nation du candomblé possède une puissance divine spécifique qui est considérée comme LE dieu de la nation. Mais toutes les nations honorent plus d’une centaine de divinités. Selon les croyances, chaque être humain possède un Orixá protecteur dès sa naissance. Il peut à tout moment avec l’aide d’un officiant d’un terreiro (lieu de culte du candomblé) entrer en contact avec son Orixá .

Exú, Nanã, Omulú, Yemanjá, Ogum, Oxum Oxóssi, Iançã, Oxumaré, Erês sont des orixás. Leurs noms peuvent être orthographiés différemment selon leur origine.

- OXÓSSI

Jour : jeudi

Couleurs : bleu turquoise

Symbole : Ofá (arc), Damatá (flèche), Erukeré

Elément : Terre (forêt et champs cultivés)

Domaines : chasse, agriculture, alimentation et abondance

Salut : Òké Aro!!! Arolé!

Position familiale : frère ou fils d’Ogum

Histoire : Oxóssi (Òsóòsi) est le dieu chasseur, seigneur de la forêt et de tous les êtres qui l’habitent, orixá de l’abondance et de la richesse.

Oxóssi joue un rôle civilisateur important dans l’histoire de l’humanité. En tant que chasseur, il représente les formes les plus archaïques de la survie humaine, la recherche incessante de l’homme lui-même pour trouver des mécanismes lui permettant de se distinguer dans l’espace de la nature et imposer sa marque au monde inconnu.

La ruse, l’intelligence et la prudence sont les attributs d’Oxóssi, car, comme le révèle son histoire, ce chasseur n’a qu’une seule flèche, il ne peut donc pas se tromper de proie et ne le rate jamais. Oxóssi est le meilleur dans ce qu’il fait, il est en permanence à la recherche de la perfection.

À l’heure actuelle, le culte d’Oxóssi est pratiquement oublié en Afrique, mais il est répandu au Brésil, à Cuba et dans d’autres régions d’Amérique où la culture yoruba a prévalu. Cela est dû au fait que la ville de Kêtu, dont elle était roi, a été presque complètement détruite au milieu du XVIIIe siècle et que ses habitants, dont beaucoup ont été consacrés à Oxossi, ont été vendus comme esclaves au Brésil et aux Antilles. Ce fait a rendu possible la renaissance de Kêtu, non pas en tant qu’État, mais en tant que nation religieuse importante du Candomblé.

01

Orixas oxossi

02

- YEMANJÁ

Jour : samedi

Couleurs : blanc, argent, bleu clair

Symbole : Miroir argenté avec étoile, lune et poisson (Abebé prateado, Alfange)

Elément : Eaux douces qui courent à la mer, eaux de mer

Domaines : intelligence, maternité, santé mentale et psychologique

Salut : Erù-Iyá, Odó-Iyá

Position familiale : mère adoptive d’Omulu, le roi de la terre, le soleil même.

Histoire : Elle est la reine de toutes les eaux du monde, que ce soit les fleuves ou la mer.

Son nom dérive de l’expression YéYé Omó Ejá, c’est-à-dire mère dont les enfants sont des poissons.

Yemonja est le miroir du monde, qui reflète toutes les différences, car la mère est toujours un miroir pour l’enfant, un exemple de comportement. Elle est la mère qui guide, éduque et sait avant tout explorer les potentialités inhérentes à chacun, mais affirmant que la plus grande guerre est celle que nous menons contre nous-mêmes. Yemonja est l’eau elle-même, ses larmes transformées se transformant en une rivière qui coulait vers l’océan. Ce n’est donc pas un hasard si les larmes et la mer ont le même goût.

- NANA

Jour : mardi

Couleurs : indigo, blanc et violet

Symbole : Bâton de tiges de palmier (Ibiri)

Elément : Terre, eaux stagnantes et boue des marais

Domaines : vie et mort, santé et maternité

Salut : Salubá!

Position familiale : mère de Iroko, Omolú (Obaluaiê) et Oxumaré

Histoire : Nanã, la déesse des mystères, est une divinité d’origine simultanée à la création du monde, car lorsque Odudua a séparé l’eau stagnante de la terre, s’est formée au point de contact de ces deux éléments, la boue des marais, où reposent les plus grandes fondations de Nana.

Nanã synthétise la mort, la fécondité et la richesse. Son nom signifie «mère» pour les peuples Jeje de la région de l’ancien Dahomey (Bénin).

Étant la plus ancienne déesse du candomblé, elle est respectée en tant que mère par tous les autres orixás. Le mystère de la mort a fait naître chez l’homme un sentiment ambigu que les mythes ont soulagé. La mort a donc fait apparaître le premier sentiment religieux et au début de l’histoire, les morts étaient enterrés dans une position fœtale, faisant référence à une idée de renaissance. Les hommes primitifs en associant la mort et la vie, ont compris les mystères de Nanã. Nanã est le début, le milieu et la fin ; naissance, vie et mort.

03

orixas oxumaré

04

- OXUM

Jour : samedi

Couleurs : jaune et doréi

Symbole : Eventail avec miroir (Abebé)

Elément : Eaux douces (fleuves, cascades, sources, lacs)

Domaines : amour, richesse, fécondité, maternité Salut : Òóré Yéyé ó! Position familiale : femme de Xango Histoire : Au Nigéria coule la rivière Oxum, domicile de la reine de toutes les richesses, de tous les fleuves et cascades. Généreuse et digne, Oxum est protectrice des enfants, mère de la douceur et de la bienveillance. Elle est la propriétaire de la fécondité des femmes et du grand pouvoir féminin. Oxum est la déesse la plus belle et la plus sensuelle du Candomblé. C’est la vanité même, mais elle est patiente et gentille. Oxum ne voit aucun défaut chez ses enfants, qui sont pour elle de véritables bijoux et dont elle ne peut voir que la lueur. C’est la raison pour laquelle Oxum est la mère d’êtres innocents et sans malice, qu’elle surveille jusqu’à ce qu’ils acquièrent leur indépendance. Ses enfants, ses bijoux, sont sa plus grande richesse.

- OGUM

Jour : mardi

Couleurs : vert et bleu foncé

Symbole : épée (espada de Ogum)

Elément : Terre (forêts et routes) et feu

Domaines : guerre, progès, conquête et métallurgie

Salut : Ògún ieé!!

Position familiale : fils aîné d’Odudua

Histoire : Ogum (Ògún) est un orixá particulièrement important en Afrique et au Brésil.

Redoutable guerrier, violent et implacable, il est respecté dans toute l’Afrique noire à cause de son caractère dévastateur et de sa puissance militaire.

Ce n’est donc pas un hasard si, dans les prières consacrées à Ogun, la peur est si évidente et la pitié une demande constante.

Il est le dieu du fer, de la métallurgie et de la technologie, car il a appris à l’homme à forger le fer et l’acier et l’aide à vaincre la nature avec sept outils (levier, hache, pelle, houe, pioche, épée et couteau). Ogum a tué beaucoup de gens, mais il a tué la faim de nombreuses personnes, alors avant d’être craint, Ogum est aimé.

05

06

- OMULÚ

Jour : lundi

Couleurs : noir, blanc et rouge

Symbole : lance en bois (et Xaxará ou Íleo, lagidibá)

Elément : Terre et feu du noyau de la terre

Domaines : maladies épidémies, traitement des maladies, vie et mort

Salut : Atotoó!!!

Position familiale : fils de Nanã, grand frère d’ Oxumaré

Histoire : Omolú est la Terre! Il est le plus redouté et le plus terrible des dieux, celui de la variole et de toutes les maladies contagieuses.

Il est connecté avec les laves et les gaz volcaniques, car quoi de plus dévastateur ?

Les épidémies, les fièvres et les convulsions lancées par Omolú! Omolú est né le corps couvert de plaies et a été abandonné par sa mère, Nanã, au bord de la plage, où un crabe lui a causé de graves blessures. Yemanja l’a recueilli, l’a guéri avec des feuilles de bananier et en a fait un grand guerrier et un chasseur habile. Il se couvre de paille non pas pour cacher les marques de sa maladie, mais parce qu’il est devenu un être de brillance aussi intense que le soleil, que les humains ne peuvent regarder de face.

Sous la paille, il garde les secrets de la mort et de la renaissance, qui ne peuvent être partagés que par les initiés. L’homme naît, grandit, se développe, devient fort devant le monde, mais reste fragile devant Omolú, qui peut le dévorer à tout moment, car Omolú est la terre qui dévorera le corps de l’homme au moment de sa mort.

- EXÚ

Jour : lundi

Couleurs : noir et rouge

Symbole : pénis en érection

Elément : terre et feu

Domaines : sexe, magie, union, pouvoir et transformation

Salut : Laroié!

Position familiale :

Histoire : Exú (Èsù) est la figure la plus controversée du panthéon africain, le plus humain des orixás. Dieu de la terre et de l’univers, Exú est l’ordre qui se multiplie et devient l’unité élémentaire de l’existence humaine. Exú est l’ego de chaque être, le grand compagnon de l’homme.

Exú est l’orixá qui comprend comme personne le principe de réciprocité et, s’il le veut bien, il saura être reconnaissant, ami et fidèle écuyer. A l’inverse, lorsqu’il est oublié, il est le pire des ennemis, se retourne contre le négligent, lui enlève sa chance et provoque des catastrophes et des maux.

Exú protège les commerçant. Les vendeurs d’acarajé lui offrent toujours le premier met, le jetant dans la rue, non seulement pour bien vendre, mais aussi pour conjurer les perturbations. Exú est la figure la plus importante de la culture yoruba. Sans lui, le monde n’aurait pas de sens, car ce n’est que par Exú que l’on atteint le dieu suprême Olodumaré.

Nombreuses sont les idées fausses liées à Exu, la pire l’associant à la figure du diable chrétien, qui sèmerait la discorde parmi les humains. En réalité, Exu contient en lui toutes les contradictions et conflits inhérents à l’être humain, ni totalement bon ni totalement mauvais, capable d’aimer et de haïr, de s’unir et de se séparer, de promouvoir la paix et la guerre. Le manichéisme, propre aux grandes religions monothéistes, ne s’applique pas au candomblé, car la culture africaine ne connaît aucune opposition, en particulier entre le bien et le mal.

07

08

- OXUMARÉ

Jour : mardi

Couleurs : jaune et vert, et toutes les couleurs de l’arc en ciel

Symbole : serpent, cercle (et Ebiri, bradjá)

Elément : ciel et terre

Domaines : richesse, longue vie, cycles, mouvements constants

Salut : A Run Boboi!!!

Position familiale : fils de Nanã, petit frère d’ Omulú

Histoire : Oxumaré (sùmàrè) est l’orixá de tous les mouvements, de tous les cycles. Si un jour, Oxumaré perd ses forces, le monde se terminera, car l’univers est dynamique et la Terre constamment en mouvement.

Oxumaré vit au paradis et vient nous rendre visite à travers l’arc-en-ciel. C’est un grand serpent qui enveloppe la Terre et le ciel, assure l’unité et le renouveau de l’univers et fournit la richesse aux hommes.

Oxumaré est un double dieu ambigu, appartenant à l’eau et à la terre, homme et femme. Il exprime l’union des contraires, qui attirent et assurent l’entretien de l’univers et de la vie. Il synthétise la duplicité de tout l’être : mortel (dans le corps) et immortel (dans l’esprit). Oxumaré montre la nécessité du mouvement de transformation.

Oxumaré est le petit frère d’Omulú, né couvert de plaies et abandonné par sa mère, Nanã. Mais elle ne peut pas être condamnée pour cet acte, car c’était une coutume, presque une obligation rituelle de l’époque, d’abandonner les enfants nés avec une malformation. Le dieu du destin a dit à Nanã qu’elle aurait un autre fils, aussi beau que l’arc-en-ciel, mais qui ne resterait jamais avec elle. Il vivrait haut et parcourrait le monde sans s’arrêter.

Oxumaré était né.

- ERÊ

Jour : dimanche

Couleurs : bleu, rose et vert

Symbole : 2 poupées jumelles

Elément : air

Domaines : naissance et enfance

Salut : Bejiróó!

Dans le candomblé, Erê est l’intermédiaire entre la personne et son Orixá, c’est l’émergence de l’enfant que chacun garde en lui ; il se situe exactement au point situé entre la conscience de la personne et l’inconscience de l’orixa. C’est par Erê que l’Orixá exprime sa volonté, que le novice apprend les rites fondamentaux du candomblé et de son Orixá.

Le mot Ere vient du Yoruba, iré, qui signifie «jouer, s’amuser». D’où l’expression siré qui signifie «faire des blagues». Le Erê apparaît immédiatement après la transe de l’orixá, car il est l’intermédiaire entre l’initié et l’orixá.

On le confond souvent avec les Ibejis, entités au caractère enfantin, symbolisant la pureté et l’innocence et se livrant à des plaisanteries. Il est admis qu’il s’agit d’esprits désincarnés à un jeune âge et qui présentent les mêmes caractéristiques que dans la vieillesse (maniérisme, goût des jouets et des friandises).

09

10

- OSSAIN

Jour : jeudi

Couleurs : vert et blanc

Symbole : Tige flanquée de sept lances surmontée d’un oiseau (arbre stylisé)

Elément : forêt et plantes sauvages

Domaines : médecine et liturgie des plantes

Salut : Ewé ó!

Position familiale : partenaire de Iansã

Histoire : Ossaim (sanyìn) joue un rôle fondamental dans le candomblé, car sans feuilles, aucune cérémonie ne peut avoir lieu. Chaque Orixa a ses propres feuilles, mais seul Ossaim connaît ses secrets et les mots qui éveillent le pouvoir du «sang» vert des feuilles.

La forêt est la maison d’Ossaim, qui la partage avec d’autres orixás, comme Ogum et Oxóssi, où les feuilles poussent à l’état sauvage et pur, sans l’interférence de l’homme. C’est aussi le territoire de la peur, de l’inconnu, dans lequel aucune personne impure ou malintentionnée ne devrait pénétrer. Ossaim est un orixá de grande fondation, qui a une seule jambe car l’arbre, base de toutes les feuilles, a un seul tronc.

Ossaim et Oxóssi ont d'innombrables affinités : les deux sont des orixás du même espace, de la forêt, du buisson, des feuilles, de grands sorciers et des connaisseurs des secrets de la forêt, de la Terre.

- OXALÁ

Jour : vendredi

Couleurs : blanc laiteux

Symbole : Opáxoró

Elément : atmosphère et ciel

Domaines : pouvoir créateur masculin, création, vie et mort

Salut : Epa Bàbá

Position familiale : le plus vieux des orixas

Histoire : Oxalá est le détenteur du pouvoir de procréation masculin. Il est un élément fondamental des débuts, masse d’air et masse d’eau, du protoforme et de la formation de tout type de créatures. Il revêt deux formes : OXAGUIÃ jeune guerrier et OXALUFÃ, ancien appuyé sur un bâton d’argent. Oxalá ignore toutes les violences, querelles, aime l’ordre, la propreté, la pureté. Il appartient aux métaux et autres substances blanches, couleur de la création.

Toutes les histoires relatives à la création du monde passent nécessairement par Oxalá, qui fut le premier Orixá conçu par Olodumaré et chargé de créer non seulement l’univers, mais tous les êtres, et tout ce qui existerait dans le monde.

Oxalá est honoré en dernier parce qu’il est le grand symbole de la synthèse de toutes les origines. Il représente la totalité, le seul Orixá qui, comme Exú, réside dans tous les êtres humains. Tous sont ses enfants, tous sont frères, puisque l’humanité vit sous le même toit, qui nous couvre et nous protège, le ciel.

11

12

- XANGÔ

Jour : mercredi

Couleurs : rouge (ou marron) et blanc

Symbole : hache double (Oxés, Edún-Àrá, xerê)

Elément : feu (flammes, foudre, éclairs) formations rocheuses

Domaines : pouvoir, justice, questions juridiques

Salut : Kawó Kabiesilé!!

Position familiale : mari de Iansã, Oxum (la plus aimée), puis Oba (qu’il n’aima pas)

Histoire : Xangô (Sòngó) est né du pouvoir, mort au nom du pouvoir. Roi absolu, fort, imbattable, il commande tous les puissants. Il n’y a pas de hiérarchie entre les orixás, cependant, s’il fallait choisir un orixá, Xango assumerait ce rôle.

Xangô n’accepte pas la contestation, mais sait prendre les bonnes et sages décisions. Sa justice et son honnêteté l’emportent sur son caractère arbitraire ; il est donc avant tout un roi bien-aimé. Il domine l’élément le plus dangereux de la nature, le feu, qui coupe le ciel, détruit la terre, mais qui transforme, protège, éclaire le chemin. Le feu est la grande arme avec laquelle Xangô punit ceux qui n’honorent pas son nom.

Xangô est un homme séduisant et extrêmement vaniteux, qui a vaincu toutes les femmes qu’il souhaitait par son «regard de feu» et un désir ardent. Xangô décide de la vie de chacun. Il est plus puissant que la mort, c’est pourquoi il est devenu son anti-symbole.

Ce site utilise des cookies uniquement à des fins statistiques.
Explorez
Glissez